Récit de la Bataille de Patay par l'abbé Michel Gand

 

C'était un samedi. L'armée française composée de 7 à 8.000 hommes était assez disparate, on y parlait toutes les langues et tous les dialectes de l'Europe occidentale. 

Des Orléanais et des Chartrains côtoyaient des Irlandais, des Espagnols, des Lombards et des Allemands. Les capitaines avaient réussi à obtenir, non sans difficultés, une cohésion et une discipline admirables. 

Surtout celle qu'on appelait la Pucelle avait su donner à tous la confiance et l'enthousiasme qui procurent la victoire.

 

Jargeau fut pris le 12 Juin, le pont de Meung sur Loire fut emporté le 15, Beaugency, assiégé le 17, ouvrait ses portes le 18 à la première heure au duc d'Alençon et à Jeanne d'Arc.

 

L'armée anglaise, commandée par le fameux John Talbot, forte d'environ 5.000 hommes, s'était regroupée à Meung sur Loire et se préparait à attaquer le pont. 

Lorsqu'elle apprit la perte de Beaugency, vers huit heures du matin, elle décidait de se retirer lentement sur Janville où elle disposait d'une importante place forte, espérant s'appuyer sur les garnisons de Montpipeau et Saint Sigismond. 

Empruntant l'ancienne voie de Blois à Paris, les Anglais marchaient dans un ordre parfait : l'avant-garde, puis l'artillerie, les convois, ensuite le corps principal et enfin l'arrière-garde composée uniquement de gens d'armes d'origine anglaise. Cette armée était sur le territoire de Coinces, non loin de Patay, lorsque les coureurs signalèrent des cavaliers.

 

Le duc d'Alençon averti des mouvements de l'ennemi hésitait à le poursuivre ; il n'avait pas oublié la funeste rencontre de la journée des Harengs le 12 Février. 

Mais Jeanne d'Arc avait insisté « En nom Dieu, il faut les combattre, s'ils étaient pendus aux nues, nous les aurons ».

Les éclaireurs de l'armée française étaient commandés par le valeureux La Hire. Le corps de bataille qui suivait d'assez près était conduit par le duc d'Alençon et la Pucelle.

 

Lorsque Talbot apprit qu'il était poursuivi, il résolut de ne pas refuser le combat. 

Après avoir franchi le bas fond formé par le lit desséché de la Retrève, il se porta sur le territoire de la paroisse de Patay, s'appuyant sur le bois de Lignerolles, en empruntant un chemin resserré entre des haies et des buissons. C'est là que Talbot s'arrêta avec 500 archers d'élite. 

Il était environ 2 heures de l'après-midi, par une chaleur accablante, un cerf effrayé sortit subitement d'un taillis et se dirigea droit sur les archers anglais qui se mirent à pousser des cris de surprise. Ces clameurs firent découvrir l'ennemi à l'avant-garde française qui, entraînée par le bouillant La Hire, arriva à grand galop sur les archers anglais avant qu'ils n'aient eu le temps de prendre leurs positions. 

Falstaff qui était avec le corps principal de l'armée anglaise courut vers l'avant-garde pour la ramener dans la bataille ; mais, s'imaginant que tout était perdu, les anglais se dispersèrent et s'enfuirent. 

Pendant ce temps, le gros de l'armée française massacrait ou faisait prisonniers de nombreux ennemis. Talbot lui-même tomba aux mains de Poton de Xaintrailles.

 

Les fuyards furent poursuivis jusque sous les murs de Janville ; là, les habitants refusèrent d'ouvrir les portes de telle sorte que Falstaff et 7 ou 800 cavaliers arrivèrent à Etampes vers minuit. 

 

Les soldats français, fatigués après une journée bien chaude, couchèrent sur place. Le lendemain, un dimanche, après avoir dîné à Patay, ils entrèrent triomphalement à Orléans avec leurs prisonniers.