Histoire de la Maison de Retraite

Par Mlle Alice Lenormand

 

C'est en l'an de grâce 1631 qu'il faut remonter pour retrouver les origines de la Maison de Retraite.

Elle fut primitivement couvent de l'ordre cloîtré des sœurs de la Charité Notre-Dame -auquel était annexé un hospice de femmes - ordre fondé par Françoise Gauguyn, devenue Mère Françoise-de-la-Croix, née à Patay le 11 août 1581 et dont l'acte de naissance existe dans nos archives.

A son sujet, une notice établie en 1861 par M. l'abbé Toureault, alors curé de Patay, cite le fait suivant , raconté par M. Dreux du Radier dans ses Tablettes de l'Histoire de France : "Une jeune bergère de Patay ayant ramené le soir ses troupeaux à la maison demanda à son père, qui était boucher dans le pays, ce que c'était que le Roi. Son père lui ayant répondu que c'était la personne qui gouvernait la France et commandait aux français, elle s'écria : Mon Dieu, j'ai entendu tantôt une voix qui m'a dit qu'il avait été tué". Le jour où cette révélation lui aurait été faite était celui où Ravaillac assassinait Henri IV.

Mère Françoise de-la-Croix est morte en odeur de sainteté à Paris le 14 octobre 1657.

Après avoir créé le couvent de la place Royale , à Paris, protégée par la reine Marie de Médicis, Mère Françoise de-la-Croix, devenue supérieure, entreprit d'établir un second couvent à Patay.

Une religieuse de son ordre, Suzanne Chapellier, veuve de Jean Savary, bourgeois de Paris, qui avait pris le voile après son veuvage, donna les fonds nécessaires pour la fondation de cette deuxième maison, ainsi qu'elle l'avait déjà fait pour la première.

Cette fondation qui répondait aux désirs de la population, fut autorisée par le roi Louis XIII, à la suite d'une supplique à lui adressée par les "manans et habitants" de Patay et les lettres patentes sur parchemin portant la signature autographe de ce souverain, existent encore aux archives de l'établissement, de même que la lettre de confirmation des privilèges signée de Louis XIV et de Colbert, et deux parchemins portant la signature de Gaston d'Orléans , fils de Henri IV et frère de Louis XIII.

Aucun fait saillant ne ressort jusqu'à la révolution de 1789, au cours de laquelle les religieuses durent quitter le couvent et se cacher. Leur exil ne dura cependant qu'une dizaine de jours, et l'influence d'une personnalité de la commune permit leur maintien pour soigner les malades, après avoir empêché leur massacre.

Ce couvent avait son cimetière et les décès étaient consignés sur le registre d'état civil de l'établissement. Le dernier des actes en date du 10 août 1792, plus long, relate l'obligation faite par les "municipaux" nommément désignés, de "recueillir et inhumer un inconnu dans notre hospice où l'on ne reçoit point d'hommes".

Mais le recrutement ne se fait plus et la Commission de l'établissement devenu "Hospices civils de Patay" doit faire appel à la congrégation des Filles-de-la-Croix, dites Sœurs de Saint André, lesquelles depuis le 1er janvier 1823 assurent la charge des services hospitaliers.

Les personnes âgées, originaires de Patay se souviennent fort bien de l'école qui y était annexée et dont les mêmes religieuses avaient la direction.

Lors de l'épidémie de choléra morbus qui en 1832, décima les populations, les religieuses de l'hospice ne furent pas épargnées par le terrible fléau, et deux d'entre elles succombèrent.

Puis, c'est 1870, la guerre, la dure bataille de Loigny-Patay, les blessés affluent, l'hospice est transformé en ambulance et les quarante décès d'officiers et soldats, tant français que prussiens, constatés du 13 novembre 1870 au 22 février 1871, laissant deviner l'importance de son rôle dans les soins qu'on eut à y prodiguer aux blessés.

Mais les bâtiments sont vétustes, et ne répondent plus aux besoins des vieillards ; aussi, en 1880, la Commission Administrative prend la décision de construire un nouveau bâtiment dans la cour, et une partie des bâtiments, démolie, laisse apparaître la construction neuve. L'autre partie démolie en 1813 et remplacée par un bâtiment construit au même emplacement.

Au cours de la guerre 1914-1918, c'est dans ce bâtiment que les blessés convalescents sont accueillis.

1940 : une dizaine de vieillards repliés d'établissements hospitaliers plus exposés sont reçus, mais quelques semaines plus tard, ils doivent repartir avec nos vieillards. A leur retour, en août 1940, ils trouvent les bâtiments occupés par les troupes allemandes. Installés dans la salle des fêtes, ils doivent y rester quatre années et ce n'est qu'en septembre 1944 qu'ils pourront réintégrer l'établissement dans lequel aucun meuble n'existe plus.

L'accroissement des besoins hospitaliers et la nécessité d'y faire face ont incité la Commission à étudier les possibilités d'augmenter la capacité d'hébergement de l'hospice. Sous l'impulsion de son dynamique président, ce projet a été rapidement résolu et exécuté. Huit chambres à 1 ou 2 lits, aménagées au second étage, ont été mises en service au 1er novembre dernier ; elles sont pourvues de tout le confort désirable, et ses pièces confortablement meublées, comme on pourra en juger par une des photographies qui accompagnent  ces lignes, donnent aux pensionnaires une ambiance très reposante.

Un ascenseur, très apprécié, permet d'accompagner sans fatigue aux étages.

Beaucoup d'améliorations ont été apportées à l'ensemble des services et d'autres réalisations, destinées à rendre cette maison encore plus accueillante, sont en projet.

Si l'on considère que le nombre des journées de pensionnaires qui de 3867 en 1947 est passé à 7493 en 1952, 15217 en 1960  et que 21000 journées sont prévues en 1962, il est possible de se rendre compte des besoins de plus en plus importants auxquels ces établissements doivent répondre.

La nouvelle dénomination "Maison de Retraite" qui leur est donnée indique bien l'esprit dans lequel il est nécessaire d'envisager leur développement.

La Commission Administrative de la Maison de Retraite qui est, en ce qui la concerne, bien décidée à agir dans ce sens, et la ferme direction assurée par le dévouement de M. Alphonse Perdereau, administrateur délégué, permet d'envisager avec confiance l'avenir de cet établissement.

                                                                               Alice Lenormand

                                                                   Secrétaire de la Maison de Retraite

                                                              Secrétaire Générale de la Mairie de Patay

                                                                                  

Article Val de Loire Orléanais - 1962