LES TEMPS ANCIENS

On appelle ce dolmen "Pierre St Marc" parce que le clergé du pays s'y rendait processionnellement le jour de la Saint-Marc avant 1789.

1 / PATAY AVANT L'HISTOIRE

 

II y a plus de dix mille ans, bien avant l'arrivée des Gaulois, la haute vallée de la Conie était déjà peuplée. Des pierres taillées de l'époque du paléolithique supérieur et des pierres polies du néolithique, ont été retrouvées sur les terres de La Chapelle, Guillonville et de Rouvray. 

A Patay même, " la grosse pierre " nous rappelle qu'il y avait là un dolmen, un autre se trouve à Allonnes. 

 

Erigés entre 2500 et 1500 avant notre ère, les dolmens se composaient d'une table de pierre horizontale posée sur des supports. 

Il fallait soulever et mettre en place des blocs dont certains dépassent 

50 tonnes, ce qui suppose un certain niveau de connaissances techniques. 

On ne peut s'empêcher de faire la comparaison avec les monuments d'Egypte. Les fouilles ont montré qu'ils servaient de tombeaux collectifs ou de monuments funéraires pour les personnages de haut rang. 

 

A Perollet, mot qui désigne un ancien dolmen, en latin « petra lata », lors de la construction de la ligne de chemin de fer Patay-Châteaudun, sous l'un de ces dolmens on a trouvé deux haches polies et un magnifique couteau en silex qui constituaient les armes du mort. Les seuls dolmens restant sont ceux de Péronville appelé « Pierre de saint Marc » curieusement construit en plein lit de rivière, et celui de Cheminiers « La Pierre Fénat », entre Saint Sigismond et Epieds.


 

2 / LES NOMS DE LIEU

 

De l'époque des Celtes, l'histoire a retenu simplement Allonnes, nom d'une divinité des fontaines et Rouvray, nom d'une variété de chêne, objet chez les Gaulois d'un culte particulier. Les domaines de Moret (Rouvray) et Moret-Conie (Villeneuve) prouvent que, dès cette époque, la région de Patay était déjà cultivée. 

 

A l'époque gallo-romaine, les campagnes de Beauce connurent une certaine prospérité. De nombreux petits propriétaires étaient indépendants. 

A côté d'eux, des colons louaient des terres qu'ils cultivaient librement moyennement redevances. Les grands domaines étaient gérés par de riches propriétaires qui employaient colons et esclaves. 

 

L'étude des noms de lieu nous permet de situer quelques unes de ces propriétés. 

 

PATAY provient d'un nom de famille d'origine romaine (gentilice). 

Les Gaulois pour former des adjectifs à partir des noms, y ajoutèrent le suffixe « acus » ', ce qui aurait donné « Papiacus » à l'époque mérovingienne. 

On trouve « Papitacus » en 1002. La terminaison « acus » fut par la suite transformée en « Y ». On trouve « Patheio » en 1171 puis « Pateio » en 1226 et « Patai » en 1272. 

 

Cette transformation est très fréquente dans le département :

- CHEVILLY vient de "Caviliacus" du gentilice « Cavilius » ;

- « Silvius » a donné « Silviacus » puis SOUGY ;

- « Romulus » s'est transformé en « Romuiacus » puis ROUMILLY ;

- « Turnus », nom d'homme, a donné « Turnisiacus » puis TOURNOISIS ;

- AMPOIGNY et BRILLY. commune de Coinces, ont la même origine ;

- La ville de LIGNEROLLES du bas latin « Linaria » désigne un endroit où l'on cultive le lin ;

- Ce domaine appartenait en 990 à l'abbaye de Sainte Croix d'Orléans « Linerolas ».

 

 

3 / LES VOIES ROMAINES

 

Aucune voie importante ne traversait le bourg de Patay. A Saint Péravy, se croisaient les chemins de Châteaudun à Orléans et celui de Blois à Paris. 

 

Saint Péravy la Colombe, en latin Sanctus Petrus ad vicum columnae (Saint Pierre ai village de la colonne) est cité par Grégoire de Tours qui écrivait au Vlème siècle, puis dans une charte de 651. Une colonne, en latin columna, a donné colombe par la suite. Cette borne indiquait, à l'époque romaine, la limite entre le pays chartrain et l'Orléanais. 

 

Le chemin de Blois, appelé « chemin des bœufs », autrefois fort large et très fréquenté permettait d'amener le bétail vivant à Paris en évitant Orléans et en épargnant six lieues. 

Il joue un rôle important pendant la guerre de Cent ans. Il passait au sud de Lignerolles, est encore visible à certains endroits et sert de limites entre Rouvray et Coinces et entre Sougy el Rouvray.

 


4 L'ARRIVEE DES FRANCS 
A l'époque du bas-empire, la fiscalité était devenue telle que les petits propriétaires ne pouvaient plus subsister, ils étaient obligés de se mettre sous la protection d'un« patronus » romain. 

Profitant de la misère et des incertitudes de l'époque, certains grands propriétaires confisquèrent les terres des paysans pauvres et se firent construire de somptueuses « villas ».

Les Francs, en occupant la Gaule, gardèrent longtemps leurs mœurs barbares. La violence était partout, les documents d'époque nous offrent le spectacle sans cesse renouvelé de crimes inqualifiables. 

Le pieux Saint Sigismond, roi des Burgondes, craignant que son fils Sigéric ne veuille prendre son pouvoir, le fit étrangler. 

Vaincu et fait prisonnier par Clodomir, roi d'Orléans, Sigismond fut jeté dans un puits avec sa femme et ses enfants en 523. 

Selon leurs coutumes, les Francs se partagèrent les terres, mais la vie rurale ne fut pas modifiée et l'esclavage y fut aussi brutal que dans le monde romain. Chaque propriétaire, on l'appellera bientôt « seigneur » gérait ses biens avec une nombreuse main d'œuvre répartie comme à l'époque romaine en hommes libres, colons et serfs. 

Les paysans vivaient alors dans des chaumières de torchis qui n'ont pas toujours une fenêtre. On y trouve une huche, parfois une table, des souches en guise de sièges, une paillasse qui remplace le lit. Le vêtement et la nourriture sont à l'unisson de cette vie misérable. 

Malgré les conciles et les recommandations des évêques, la conversion des Francs ne changea pas la situation. 

Chaque seigneur voulut avoir son église, il nomma des prêtres parmi ses serviteurs et exigea que tous assistent aux offices. 

En même temps, toute une population d'artisans et de commerçants se groupa autour du clocher ; ces « hôtes » payaient des redevances au seigneur, mais jouissaient d'une relative liberté. 

L'évangélisation ne se fit pas sans résistances. Les cultes païens ne pouvant plus se célébrer publiquement, ce fut dans des carrières ou des souterrains qu'ils eurent lieu. 

Sous l'église de Coinces, il existe un de ces souterrains formé de salles rondes de petites dimensions, qui a été étudié en détail. Ces salles servaient de lieux de culte et de réunion pour la famille du défunt. 

Par la suite, l'imagination populaire aidant, on s'est mis à affirmer qu'ils reliaient les châteaux entre eux ou servaient de cachette lors des invasions.

Saint Sigismond

Le nom actuel du village autrefois baptisé Columna, est dû au fait que le corps de Saint Sigismond,

roi des Burgondes, décapité le 1er mai 524 sur ordre de Clodomir,

fut jeté dans un puits (avec les dépouilles de sa femme et de ses deux fils qui subirent le même sort), et sur lequel fut batie une église. L’eau de ce puits était réputée guérir des fièvres et bientôt des pèlerinages furent organisés jusque dans la première partie du xxe siècle. Aujourd'hui encore, selon la tradition populaire locale, les femmes de Coulemelle (hameau de la commune voisine de Saint-Péravy-la-Colombe) auraient aidé à jeter saint Sigismond dans le fameux puits.

Reliquaire de St Sigismond


 

5 / LES PREMIERS DOCUMENTS

 

Sous l'influence de l'Evangile, quelques seigneurs, pour le salut de leur âme, firent des dons aux abbayes et chapitres. 

En 857, le chevalier Foulque donna au prieuré de Bonneval, qui venait d'être fondé, l'église de Patay, mais se garda le titre seigneurial. 

Le chapitre Saint Pierre le Puellier d'Orléans possédait en 1002 des terres à Patay {Papitacus) et à Rouvray ; celui de Saint Avit quelques dîmes et cens à Rouvray. 

C'est surtout le chapitre cathédrale d'Orléans qui hérita de biens dans la région, spécialement à Sougy, Coinces, Terminiers et Rouvray. Une charte de Hugues Capet, datée de 990, confirme les biens du chapitre cathédrale Sainte Croix d'Orléans, elle cite en particulier la restitution de biens usurpés par le roi Pépin à Lignerolles.

 

Un autre document de 1171 cite Adam, prieur de Patay {Patheio) comme témoin d'une transaction. Le prieur, comme beaucoup d'autres dans la région, n'eut jamais plus de 3 ou 4 religieux bénédictins de Bonneval. Fréquemment les documents font état d'un seul prêtre résident, portant le titre de prieur. 

 

Nos villages furent la proie des envahisseurs normands en 898, en 911 et surtout en 961. En cette dernière année, racontent les chroniqueurs, 

« le ravage fut si terrible que la campagne fut entièrement désertée et les terres abandonnées ; ce qui causa dans tout le pays une extrême famine. Comme l'armée venue du Nord n'était presque composée que de païens, les églises ne furent pas épargnées et ces ravages durèrent 2 ou 3 ans ». 

Après ces pillages, les habitants de Patay et des paroisses voisines, qui avaient échappé, purent revenir et reconstruire maisons et églises. 

 

On peut, sans trop se tromper, dater de cette époque la fondation de la paroisse de la Chapelle Onzerain. 

A la suite des invasions, le retour des reliques de Saint Martin de Tours fut l'occasion de grandes festivités ; on distribua des fragments de la célèbre 

« chape » du saint, d'où le nom « Chapelle ». Onzerain vient d'un prénom féminin rappelant la fête des Rameaux. 

 

Villeneuve sur Conie, désignant un nouveau village, devint probablement paroisse à la même époque ; l'église primitive, sous le vocable de Saint Nicolas, se trouvait en retrait entre les fermes de Beauvoir et Vaudrenet. 

 

Au début du Xlème siècle, Patay, Villeneuve, la Chapelle étaient du Comté du Dunois au diocèse de Chartres et dépendaient, pour le spirituel, de l'abbaye de Bonneval qui nommait les curés de ces paroisses. 

La Croix Cassée servait de limite entre l'Orléanais et le Dunois. 

 

Pour protéger les populations rurales et garantir les biens qu'ils possédaient, 

les chapitres furent obligés de faire appel à des chevaliers. Ceux-ci abusèrent souvent de leurs pouvoirs. En 1153, le chapitre de Sainte Croix rappelle à Aubert, maire de Faverolles, Terminiers, Sougy, Villardu, qu'il ne peut rien exiger des hôtes du chapitre que ce qui a été convenu. 

 

La découverte d'un nouveau collier d'attelage permit une meilleure utilisation de la force motrice du cheval ; en même temps, l'évangélisation des populations rurales et surtout le mouvement des croisades, amenèrent une évolution des mœurs. 

 

L'ancien esclavage devenu servage disparut peu à peu. En 1210, le chevalier Aubert obtient l'affranchissement de toute sa famille en échange de sa maison de Rouvray. 

 

En Janvier 1260, les 265 serfs du chapitre de Sainte Croix d'Orléans en Beauce, étaient affranchis à Rouvray, Villardu, Brilly, Terminiers, Gaubert et autres lieux moyennant une redevance proportionnée à leur richesse. 

 

La justice était, dès cette époque, rendue par des hommes de loi nommés par le seigneur du lieu. Le chapitre de Sainte Croix se réservait ce privilège. 

Nul ne pouvait, dans les paroisses de Rouvray, Sougy, Terminiers, intenter un procès ou poursuivre un délinquant sans faire intervenir les officiers de justice et, en conséquence, le tribunal du chapitre. 

Un curé de Sougy, étant censuré par l'évêque, celui-ci dut se désister de cette immixtion dans les affaires capitulaires en 1430.