LES TEMPS MODERNES

1 / PATAY AU XIXème SIECLE

 

En 1816, la guerre étant terminée, il y avait à Patay 25 fabricants couverturiers, la difficulté pour eux de concurrencer Orléans les avait amenés à diminuer leur production et à licencier quelques ouvriers. 

Le retour des militaires, revenus en général sans pension, les laissaient sans ressources. 

A tous ces sans emploi, la commune proposa de travailler à l'entretien des rues et des places sous forme d'atelier de charité. 

 

La maison de retraite avait, avant la révolution, des religieuses soeurs de la Charité Notre Dame. Par suite de la disparition de cette congrégation, la municipalité fit appel, en 1823, aux Filles de la Croix, dites soeurs de Saint André, congrégation fondée en 1807 par Saint André Fournet et Sainte Elisabeth Bichier des Anges. 

Trois religieuses de cet ordre vinrent à Patay, la dernière religieuse quitta la maison de retraite en octobre 1989. 

 

Il n'y avait pas à cette époque d'école communale à Patay. Une classe de filles, gratuite, était installée dans l'hospice, une autre en ville chez une religieuse. 

Les deux classes de garçons étaient chez les instituteurs, la commune payait 200 francs par an pour les enfants indigents. 

 

2 / PATAY DU 1er au 4 DECEMBRE 1870

 

La bataille autour de Patay : 

 

Après la victoire de Coulmiers, le 9 novembre, le général Chanzy avait établi son quartier général à Saint-Péravy-la-Colombe. 

Le matin du 1er décembre, une journée claire et froide, le général, son état-major, le train des équipages inondaient chemins, jardins et champs autour de Patay. 

 

De tous côtés, le regard n'apercevait qu'un immense déploiement de troupes françaises. 

 

Le combat commença presque aussitôt. A Guillonville, le feu prit aux maisons. Puis, l'effort du combat tourna sur le château et le parc de Villepion qui fut occupé en fin de journée. 

Pendant ce temps, d'autres combattants occupaient le village de Faverolles et la ferme de Nonneville. A Patay même, les blessés affluaient. 

L'école des filles, transformée en ambulance, était encombrée. Faute de place, les malheureux qui avaient encore l'usage de leurs jambes devaient monter au grenier où, sous l'ardoise, la paille défendait mal du froid piquant de la nuit. 

 

Le lendemain, 2 décembre, vers 9 heures, le combat reprenait. Dans les rues de Patay, on croisait les zouaves pontificaux, les soldats du pape qui, avant le combat, voulurent entendre la messe. 

Un peu plus tard, des courriers arrivaient près du général Chanzy, toujours à Patay : le château de Goury avait été abandonné, Villepion était menacé. Le combat se concentrait alors sur Loigny. Le courage des zouaves pontificaux et du colonel de Charette est trop connu pour qu'il soit nécessaire d'insister. Les zouaves ne furent pas les seuls héros de cette journée. 

 

En ce 2 décembre, à Patay même, les détonations continuelles du canon, le crépitement presque incessant des mitrailleuses et de la fusillade faisaient sur tous une profonde impression d'épouvanté, mêlé à tout cela, le bruit des voitures ambulances, de charrettes conduites par des paysans en fuite, le roulement sonore des batteries. 

 

Les blessés nombreux dès le matin arrivaient sans cesse : granges, bergeries, écuries, remises étaient remplies. L'église, au lieu des hymnes sacrés, retentissait de cris de douleur. 

 

Au cours de la nuit du 2 au 3 décembre, les généraux des diverses unités vinrent rendre compte de leur situation respective : les hommes étaient à bout de force, certains n'avaient pas mangé depuis la veille, d'autres n'avaient plus de chaussures. 

Après avoir signalé la situation au général d'Aurelles, Chanzy, craignant d'être pris à revers par l'ennemi, donna l'ordre de la retraite.

 

L'arrivée des Prussiens :

 

Dès le matin du 3 décembre, ce fut dans Patay la plus indicible confusion : une foule humaine qui n'est plus une armée, qui n'a plus d'ordres ni de chefs. 

Un pêle-mêle d'hommes de toutes armes et de tous costumes. Des blessés qu'on charge sur des voitures pour les transporter au loin, tandis que d'autres arrivant un instant après sont mis à leur place. Ajoutez au tableau le bruit sourd du canon qui tonne toute la journée. 

 

Vers le midi, les habitants comprenant enfin la situation furent pris d'une panique soudaine. On s'agite, on court comme affolé de terreur. 

 

Le 4 décembre était un dimanche, on devait ce jour là célébrer la fête de l'Immaculée Conception. 

Soudain un cri, "les Prussiens", au même moment, une détonation, un obus explose sur la place. 

Le général de brigade de Tucé, dont la cavalerie est sur la route de Lignerolles, arrive et envoie des vedettes dans le clocher, les mobiles de Loir et Cher prennent position derrière les murs des jardins. 

 

Des nuages de fumée noire et infecte envahissent la ville, le feu avait pris aux premiers coups de canon et s'était développé sous l'action d'un vent violent et sec. 

 

Vers onze heures, la fusillade cessa subitement, l'ennemi s'étant éloigné devant la résistance des mobiles. Mais les mobiles ayant reçu l'ordre de se replier, la ville devenait sans défense. 

 

Vers deux heures, l'ennemi posté près de Moret recommença à tirer sur la ville, de nouveaux incendies s'allumèrent. Le vicaire, Monsieur l'abbé Garnier, du haut d'un mamelon devant le cimetière agite avec un bâton un drapeau d'ambulance. 

Le feu cesse aussitôt, le signal a été compris. Quelques instants après, les ennemis, piétons et cavaliers entraient comme une trombe par toutes les issues. 

 

Le torrent dévastateur envahit tout, semant sur son passage la terreur, le pillage et la ruine. Les envahisseurs sont les maîtres absolus, la nuit venue, dans la joie, ils dévorent en un repas la subsistance de familles entières. Pendant ce temps, des maisons continuaient à brûler sans que personne ne s'en soucie. 

 

Le mardi matin, les envahisseurs quittaient la ville pour être remplacés par d'autres jusqu'à la fin de l'occupation. 

 

Le 4 décembre 1871, fut bénie, dans le cimetière de Patay, une croix monumentale élevée sur la fosse qui recouvre les corps de 73 français, dont 55 connus. 

Leurs noms sont inscrits sur le monument. Bon nombre des anciens mobiles de Loir et Cher assitèrent à cette cérémonie présidée par les maires de Patay et Rouvray.

 

3 / ENTRE DEUX GUERRES

 

Le Patay actuel nous est bien connu et les anciens peuvent nous expliquer comment vivaient les habitants au début du siècle. 

 

En Avril 1873, la ligne de chemin de fer Orléans-Chartres était ouverte aux voyageurs avec trois puis quatre trains dans chaque sens : elle fonctionna jusqu'en 1937.

Désignée comme ligne école pour les militaires du 5ème génie de Versailles, le service fut intégralement assuré par eux de 1887 à 1939. 

 

L'église fut restaurée et modifiée en 1873 : l'autel principal date de cette année là. 

 

En 1882, fut construit le bâtiment principal de la maison de retraite. Furent également construites sur l'emplacement de l'ancien cimetière, la poste, la salle de sport et la mairie. 

 

L'enseignement ne fut pas négligé ; la municipalité fit de sérieux efforts pour construire et aménager des locaux scolaires. L'école libre de filles de la place Jeanne d'Arc fut construite en 1888. 

 

Si la séparation amena quelques difficultés en 1906-1910, la réconciliation entre la commune et la paroisse fut réalisée en 1913 par l'inauguration de la statue de Jeanne d'Arc qui donna lieu à de grandes festivités. 

 

Une usine électrique, gérée par une société privée, commença à fonctionner en 1912 permettant l'éclairage des maisons. 

 

Ce fut ensuite la terrible guerre de 1914-1918 qui provoqua la mort de 47 soldats de Patay et de 30 de Rouvray. 

 

On ne peut qu'évoquer l'apparition de l'automobile et de nombreuses machines agricoles, ce qui amena la modernisation progressive du pays et l'évolution sociale qui se continue.

 

4 / PATAY EN 1944 

 

Etant proche du camp de Bricy, Patay ne fut pas épargné en cette année 1944. Après chaque bombardement, les allemands réquisitionnaient des ouvriers, que le garde-champêtre devait trouver pour déblayer le camp. 

 

Le 22 mai, 10 aviateurs américains trouvaient la mort dans les communes voisines, ils furent inhumés dans le cimetière de Patay.

 

Le 6 Juillet, des avions américains bombardaient les embranchements de la gare : plusieurs maisons étaient démolies mais il n'y eut pas de victimes. 6 ou 8 familles étaient sinistrées. La mairie réquisitionna aussitôt 6 immeubles non occupés. 

 

Le 15 août, un mardi, fête de l'Assomption, de nombreux habitants de Patay avaient assisté à la messe solennelle de 11 heures, présidée par l'abbé Blandin, curé doyen.

Dans l'après-midi, les vêpres étaient suivies d'une procession. Pendant ce temps et depuis plusieurs jours, on chargeait en gare un train de munitions, préalablement installées dans les bois de la Mare à Coinces.

 

Vers 20 heures, un soldat autrichien prévint quelques personnes que le train allait sauter. L'alerte était donnée et tous les habitants quittaient la ville sous une pluie battante, beaucoup se dirigeaient vers Villeneuve-sur-Conie, ou se cachaient dans leur cave. 

 

A 22 heures 10 exactement, une lueur gigantesque embrasait le ciel aussitôt suivie d'un bruit formidable, c'était le premier wagon qui sautait. Une quinzaine d'autres explosions plus ou moins violentes devaient suivre en l'espace de trois quarts d'heure. 

Sans la pluie torrentielle qui tombait depuis 19 heures, avec le vent qui soufflait, il y aurait eu des incendies dans la plupart des quartiers et même dans les fermes des environs, chaque explosion projetant, dans toutes les directions, des matériaux embrasés. 

 

Le feu qui avait pris en plusieurs points de la ville fut rapidement maîtrisé par les pompiers et de courageux volontaires, sauf chez monsieur Roger, marchand de bois et charbon près de la gare. 

 

Le lendemain matin, on se rendit compte du désastre. Une quarantaine de maisons étaient inhabitables et la plupart des autres endommagées : toitures percées, cloisons soufflées, vitres brisées, la consternation était générale. Heureusement, il n'y avait pas de victime. 

 

Vers onze heures, un cri retentit : "Voila les Américains, ils arrivent par la route de Villeneuve !" Immédiatement c'était la ruée. Quelques chars de la troisième armée (Général Patton) faisaient halte à l'entrée de la ville. 

 

Le matin du 17, il fallut déchanter, un groupe de 150 à 200 Allemands armés de canons antichars arrivait en camions. 

 

A 20 heures, pour le couvre-feu, chacun s'enfermait chez soi. Peu après, les camions allemands disparaissaient car l'armée américaine approchait de Patay. 

 

Le matin du 18 août, drapeaux et banderoles apparaissaient aux fenêtres pour accueillir les libérateurs. Restait à soulager ceux qui avaient tout perdu, à reconstruire ou à réparer. 

 

Dès le 18, les équipes de la défense passive et des hommes de bonne volonté étaient requis pour déblayer les rues. 

Les écoles étant très endommagées, surtout celle des filles, il fallut effectuer d'importants travaux avant la rentrée des classes. 

 

Dans l'église, les deux vitraux représentant Jeanne d'Arc, bénis en 1930, restèrent intacts ; tous les autres, brisés par l'explosion, furent refondus.